Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/210

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physiciens sont pour eux des impressions personnelles. Nous ne pouvons, d’autre part, dire qu’il a été victime d’une illusion des sens puisque, d’après la physique positiviste, il n’y a pas d’illusions de cette sorte. Il faut donc considérer les rayons « N » comme une réalité perçue directement ; et, si personne depuis l’époque, déjà lointaine, de Blondiot n’a réussi à les reproduire, au point de vue positiviste, personne ne peut savoir si la chose ne deviendra pas de nouveau possible, dans certaines circonstances.

Il faut ajouter à cela que le nombre des personnes dont les impressions sont utilisables pour la physique est très petit. Évidemment on ne peut prendre en considération que les personnes qui se sont consacrées à cette science ; car les impressions des profanes sont toujours, en la matière, plus ou moins sujettes à caution. Nous devons, en outre, éliminer tous les théoriciens dont les impressions, du fait qu’elles se bornent essentiellement à celles qui résultent de l’usage du papier et de l’encre, ainsi que de l’activité de la substance cérébrale, ne nous apportent aucun matériel nouveau pour l’édification de la physique. Il ne restera donc, en fin de compte, que les physiciens expérimentaux et surtout ceux qui possèdent les instruments particulièrement sensibles nécessaires aux recherches spéciales. Les impressions sensibles qui contribuent à l’élaboration de la physique proviennent donc tout au plus, de quelques personnes. Comment comprendre alors que les impressions d’un Œrsted observant la déviation de sa boussole par un courant galvanique ; celles d’un Faraday apercevant pour la première fois un effet d’induction électromagnétique ; celles d’un Hertz cherchant à la loupe de minuscules étincelles au foyer de son miroir parabolique ; comment comprendre, dis-je, que ces impressions aient suscité tant d’attention dans le groupe international des physiciens et y aient provoqué un tel bouleversement ?

À cette question, le positivisme ne peut donner qu’une réponse très embrouillée et aussi peu satisfaisante que possible. Il lui faut s’appuyer sur la crédibilité de la théorie qui a permis d’espérer que des impressions sensibles insignifiantes, par elles-mêmes, pourraient amener