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CHAPITRE X

LA CAUSALITÉ DANS LA NATURE

Les brillants succès obtenus par la physique en ce qui concerne l’approfondissement de notre connaissance de la nature ont suscité pendant un certain temps les plus légitimes espoirs. Mais ceux-ci ont dû être limités en des points essentiels en raison de la façon dont cette science n’évolué récemment.

Le principe de causalité, notamment, sous sa forme classique, n’a plus une portée absolument générale ; car son application au monde des atomes a été finalement un échec. Pour tous ceux qui s’intéressent à la valeur et au sens de la recherche scientifique, rien ne saurait donc être plus urgent que d’examiner à nouveau et de plus près ce qui constitue l’essence propre des lois naturelles.

Il n’est plus de saison aujourd’hui de ranger purement et simplement le principe de causalité au nombre des catégories ; de le considérer comme l’affirmation de l’existence de règles immuables s’étendant à tout le devenir et d’en faire une forme intuitive sans laquelle nous serions hors d’état d’expérimenter quoi que ce soit. Si la thèse de Kant, selon laquelle il y a des catégories conditionnant a priori toutes nos expériences, est une vérité sur laquelle le temps n’a pas de prise, il n’en est pas moins vrai qu’elle ne nous dit rien sur le contenu de chacune des catégories prises à part. Souvenons-nous de la géométrie euclidienne dont les axiomes, considérés par Kant comme faisant partie des catégories, sont regardés aujourd’hui comme des propositions conditionnelles purement restrictives qu’il est non seulement possible, mais encore nécessaire, de rendre moins étroites, Nous comprendrons alors la prudence des physiciens à cet égard. Nous serons donc