Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/233

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d’une manière ou d’une autre, la proposition dont nous sommes partis.

Il y a, à l’heure actuelle, un bon nombre de physiciens et de philosophes qui se décident pour la première alternative, je les désignerai sous le nom d’indéterministes. Suivant leur opinion, il n’existe pas de causalité véritable dans la nature, pas de lois rigoureuses. Si nous avons l’illusion qu’il en est autrement, cela provient de ce que l’on peut quelquefois arriver à établir des règles qui s’appliquent avec une approximation très grande ; mais qui n’est cependant pas une exactitude absolue. Par principe, l’indéterministe recherchera une raison statistique à toute loi physique, même à la loi de gravitation, même à l’attraction électrique. Toutes ces lois sont pour lui des lois de probabilité qui se rapportent seulement à la moyenne d’un très grand nombre d’observations de même nature ; toutes ne possèdent qu’une valeur approximative en ce qui concerne chaque observation prise à part, et elles souffrent toujours des exceptions.

La relation entre la pression exercée par un gaz sur les parois du récipient qui le contient et la densité de ce gaz est un bon exemple de loi statistique. La pression exercée par un gaz a son origine dans le bombardement continuel de celle-ci par les molécules du gaz. Ces molécules sont en quantité innombrable, elles sont animées de grandes vitesses et leurs trajectoires sont irrégulièrement orientées dans toutes les directions. Si l’on calcule, sur ces bases, la force totale qui résulte de ce bombardement, on trouve que la pression exercée sur la paroi est sensiblement proportionnelle à la densité du gaz et aussi à la moyenne des carrés des vitesses. Ceci concorde d’une façon satisfaisante avec les résultats des mesures, à condition de regarder la température comme une mesure de la vitesse des molécules.

L’étude des variations de pression que l’on peut constater quand on considère une portion très petite de la paroi du récipient fournit une confirmation directe de cette théorie. Considérons, en effet, une surface très petite prise sur la paroi, par exemple la milliardième partie d’un millimètre carré, il peut s’écouler beaucoup de temps avant qu’une molécule vienne à la frapper ; mais