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par contre, il est possible que deux ou trois molécules se succèdent ensuite à des intervalles de temps très rapprochés. Dans ces conditions, il ne saurait évidemment être question d’une pression constante : la pression éprouvera, au contraire, des variations irrégulières. La loi simple ne vaut que pour les grandes surfaces de la paroi qui reçoivent le choc de nombreuses molécules, de telle sorte que les irrégularités se compensent.

Ces variations, provoquées par le choc irrégulier des molécules, peuvent être observées partout où des molécules animées d’un mouvement rapide entrent en contact avec des corps facilement mobiles. Leur principale manifestation est le mouvement brownien, du nom de celui qui l’observa pour la première fois sur des grains de poussière suspendus dans un liquide. Un autre phénomène analogue est le fait qu’une balance très sensible n’est jamais complètement en repos, mais qu’elle exécute sans jamais s’arrêter des oscillations irrégulières autour de sa position d’équilibre.

Les phénomènes de radioactivité sont un autre exemple de lois statistiques. Un corps radioactif émet continuellement une foule de particules chargées positivement ou négativement par suite de la destruction spontanée de ses atomes. Quand on n’envisage que de grands intervalles de temps on peut parler d’une émission continue ; mais s’il s’agit de petits intervalles c’est-à-dire de ceux dont la durée moyenne ne dépassé pas le temps moyen qui sépare l’émission de deux particules, la plus grande irrégularité règne.

En se basant sur ce qui a lieu pour les gaz et pour les corps radioactifs, les indéterministes ramènent, en dernière analyse, toutes lois de la physique à l’action du hasard. Pour eux, le domaine de la statistique enveloppe la nature tout entière et ils se donnent pour but d’édifier la physique sur le calcul des probabilités.

En fait, la physique, jusqu’à présent, s’est bâtie sur un fondement opposé. Elle a choisi la seconde des deux alternatives dont nous avons parlé plus haut, c’est-à-dire que, pour conserver au principe de causalité toute sa rigueur, elle a modifié quelque peu son point de départ : à savoir l’affirmation qu’un événement est considéré comme condi-