Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/236

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nette ; suivant la seconde acception, il s’agit d’une grandeur qui n’est connue qu’avec une certaine imprécision. Cette distinction très nette, entre les grandeurs du monde sensible et les grandeurs de même nom appartenant à l’image physique représentative de l’univers, est indispensable pour l’élucidation de toutes les questions qui s’y rattachent. Toute discussion qui n’en tiendrait pas compte tournerait certainement à vide.

Il est donc absolument faux de dire, comme on le fait parfois, que l’image physique de l’univers ne doit contenir que des grandeurs directement observables. Celles-ci en sont au contraire totalement absentes. On n’y rencontre, en effet, que des symboles et il arrive même quelquefois que cette image représentative contienne des éléments qui n’ont qu’un rapport très indirect ou même pas de rapport du tout avec le monde sensible ; telles sont, par exemple, les ondes de l’éther, les vibrations partielles, les systèmes de référence, etc. Ces éléments apparaissent au premier abord comme des impédimenta ; mais ils sont le prix dont a été acheté l’avantage indiscutable qu’est l’introduction de l’image représentative physique de l’univers. Cet avantage consiste précisément en ce qu’un déterminisme strict a pu être maintenu.

Certes l’image représentative physique de l’univers n’a que la valeur d’un concept auxiliaire. Les faits de l’univers sensible et leur prédiction aussi exacte que possible restent toujours la seule chose qui importe en fin de compte. Dans la théorie classique les choses se passent de la manière suivante : l’objet à étudier commence d’abord par être choisi dans le monde sensible ; soit, par exemple un système de corps matériels, cet objet sera symbolisé par un système de grandeurs mesurées qui définiront son état ; autrement dit, le système matériel primitif sera transposé dans l’univers représentatif des physiciens et il en résultera un système physique dans un état initial donné. La même opération sera effectuée en ce qui concerne les influences extérieures subies ultérieurement par l’objet en question : ces influences seront donc, elles aussi, représentées par des symboles rentrant également dans le cadre de l’image représentative physique de l’univers.

Nous aurons donc finalement un système de forces exté-