Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aucune raison qui s’opposât à ce que l’on admît que la marge d’indétermination inhérente à toute mesure ne pût être réduite au delà de toute limite, par suite des perfectionnements continuels apportés à la technique des mesures. Par contre, la fonction ondulatoire de la physique quantique, n’offre aucun point d’appui pour une transposition immédiate dans le monde sensible. Le mot d’onde lui-même, qui paraît pourtant donner une prise si aisée à notre intuition, a une signification totalement différente de celui qu’il avait en physique classique. Jadis on entendait, sous le nom d’onde, un certain phénomène physique qui était, soit un mouvement perceptible à nos sens, soit un champ électrique alternatif pouvant être mesuré directement. Dans la physique moderne, ce même mot ne désigne plus, jusqu’à un certain point, que la probabilité d’existence d’un certain état. Ce qui se partage quand un électron ou un photon arrive sur une plaque cristalline et y provoque des phénomènes d’interférence, ce n’est pas l’électron ou le photon lui-même, c’est seulement la probabilité pour qu’un photon indivisible se trouve ici plutôt que là.

Dans le cas seulement où un très grand nombre de photons ou d’électrons sont arrivés au contact de la plaque, cette grandeur peut se traduire par un nombre déterminé de photons ou d’électrons.

Les indéterministes ont précisément trouvé dans ce fait, l’occasion d’une nouvelle attaque contre le principe de causalité et, cette fois, leur effort semblait avoir pour lui toutes les chances de succès ; car, de toutes les mesures que l’on peut effectuer, on ne peut jamais déduire qu’une fonction ondulatoire à signification purement statistique. Heureusement, cette fois encore, les défenseurs d’une causalité stricte ont encore trouvé le moyen de conjurer le péril et c’est un de ceux qui nous ont déjà servi plus haut. Nous voulons dire ceci : c’est qu’il est loisible d’affirmer qu’il est impossible d’essayer de définir un symbole de l’univers représentatif des physiciens, si l’on ne définit pas le procédé par lequel on parvient à cette définition, c’est-à-dire si l’on n’indique pas l’état spécial dans lequel se trouve l’instrument de mesure qui sert à transposer ce symbole dans le monde sensible. On parlera donc d’une influence