Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

causale exercée par l’instrument de mesure en question, ce qui signifiera que l’indétermination en présence de laquelle on se trouve provient, au moins pour une part, de ce que, entre la grandeur à mesurer et la façon de la mesurer, il y a une interdépendance réglée par des lois. Il est bien certain que toute mesure, quelle que soit la façon dont l’on s’y prenne pour l’effectuer, exerce toujours une influence plus ou moins perturbatrice sur le phénomène à mesurer. (Nous rappellerons seulement ici, pour mémoire, l’exemple de l’électron dont la trajectoire sera d’autant plus facilement perturbée que l’on cherchera à l’éclairer de façon à connaître sa position d’une manière plus précise.) Si donc une onde matérielle correspond tantôt à un phénomène, tantôt à un autre, existant dans le monde sensible, cela tient à ce que l’on ne saurait répondre à la question de savoir ce que signifie une onde matérielle en considérant uniquement cette onde, mais seulement en envisageant les actions et réactions mutuelles existant entre l’onde matérielle et l’instrument de mesure.

Grâce à ce détour, nos efforts pour résoudre le problème se trouvent aiguillés sar une tout autre voie : où aboutira-t-elle ? C’est ce qui est, à l’heure actuelle, tout à fait incertain. En tout cas, les indéterministes sont en droit de se demander si l’hypothèse d’une action causale de l’instrument de mesure inclut un sens raisonnable, car nous ne connaissons un phénomène qu’autant que nous le mesurons et toute nouvelle mesure est donc, par là même, une nouvelle action causale, c’est-à-dire une nouvelle perturbation. Il est donc tout à fait impossible par principe, d’isoler un « phénomène en soi » de l’appareil avec lequel on le mesure.

Et pourtant cette objection ne semble pas sans réplique. Tout physicien expérimentateur sait, qu’à côté des méthodes de contrôle directes, il y a les méthodes indirectes et que les cas où les secondes se montrent très utiles, tandis que les premières échouent, sont nombreux. De plus, je voudrais, avant tout, m’inscrire en faux contre une opinion très répandue à l’heure actuelle. Cette opinion, très plausible au premier abord, c’est qu’une question de physique ne mérite d’être examinée, que si l’on