Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/248

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ration. Il reste cependant possible, aujourd’hui, d’émettre des hypothèses nouvelles d’un genre spécial se rapportant au déroulement des phénomènes internes dont le domaine en question est le siège, quitte à vérifier ensuite les conséquences de ces hypothèses, mais l’avenir seul pourra nous apprendre jusqu’où il sera possible d’aller dans cette voie. Pour le moment, on ne sait pas quel est le chemin du progrès. La seule chose certaine, résulte de tout ce qui vient d’être dit plus haut ; c’est que le quantum d’action est un terme mis par la nature des choses à l’efficacité des instruments de mesure physiques dont nous disposons actuellement, une barrière infranchissable qui nous empêche et qui nous empêchera toujours de donner une explication causale complète de la nature intime des phénomènes les plus délicats, c’est-à-dire indépendamment de l’origine et des suites de ces phénomènes.

Nous pourrions, semble-t-il, arrêter ici ces considérations. Nous avons, en effet, montré que, le mot « causal » étant pris avec les modifications d’acception reconnues nécessaires, une attitude strictement causaliste n’a aucunement lieu d’être exclue de la physique moderne, bien que d’autre part, on ne puisse pas davantage démontrer a priori, que cette attitude est nécessaire.

Toutefois, il y a une objection qui surgit, d’autant plus forte que l’on est un déterministe plus convaincu, qui empêche de tenir pour pleinement satisfaisante une causalité du genre de celle dont il vient d’être question. À supposer, en effet, que la physique puisse continuer à se développer normalement en adoptant le point de vue nouveau sur la causalité, ce dernier n’en est pas moins, par principe, entaché d’une défectuosité capitale. Pour pouvoir continuer à être déterministes, nous avons dû substituer au monde sensible, le seul qui nous soit immédiatement donné, une image représentative qui n’est qu’une création de l’imagination humaine, création dont le caractère est essentiellement changeant et provisoire. C’est là évidemment, un expédient qui s’accorde mal avec le caractère de notion fondamentale qu’il convient d’attribuer au principe de causalité. Il est alors impossible d’éluder la question, de prévoir s’il n’existerait pas un moyen de donner à ce principe une signification plus