Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/249

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immédiate et plus profonde, grâce à laquelle il deviendrait indépendant de l’introduction d’une construction artificielle et s’appliquerait, non plus à l’univers purement représentatif des physiciens ; mais aux événements du monde sensible lui-même,

Notre point de départ — à savoir la proposition d’après laquelle un événement n’est conditionné causalement que s’il peut être prédit avec certitude — doit, il est vrai, être maintenu ; car, sans ce point de départ, nous ne saurions rester fidèle à notre principe de nous appuyer sur des faits réels ; et, d’autre part, il nous faut aussi, pour la même raison, reconnaître qu’en aucun cas, il n’est possible de prédire un événement quel qu’il soit. Nous devrons donc comme nous l’avons fait plus haut, apporter une modification à la première proposition ; mais ce pourra être une modification tout à fait différente de celle que nous avions déjà apportée et même, peut-être, en un certain sens, opposée.

Ce que nous avions changé la première fois, c’était l’objet de la prédiction à savoir l’événement. Les événements ont été considérés comme concernant, non point le monde sensible directement connu de nous, mais un monde fictif artificiel. Grâce à cet expédient, nous avons acquis la possibilité de prédictions exactes ; mais nous pouvons aussi, modifier le sujet de la prédiction, c’est-à-dire l’esprit de celui qui prédit au lieu de modifier son objet. Toute prédiction suppose, en effet ces deux termes : objet et sujet. Nous allons donc reporter, dans ce qui va suivre, notre attention sur le sujet dans son acte de prédiction et nous laisserons, d’autre part, à l’objet de la prédiction, son caractère d’être constitué par les événements du monde sensible et non plus par une image artificielle de l’univers.

Tout d’abord, nous constatons que la certitude de la prédiction dépend dans une large mesure de l’individualité de celui qui l’a fait. Reportons-nous, encore cette fois, à l’exemple de la prédiction du temps. Une prédiction faite par un ignorant, ne sachant rien de la pression barométrique, à l’instant actuel, rien de la température, de l’humidité de l’air, sera tout à fait différente d’une prédiction faite par un cultivateur intelligent en possession