Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/260

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absurde, c’est pourquoi il devint absolument nécessaire de reprendre par la base toute la théorie. Rudolph Clausius se consacra à cette tâche et donna la solution du problème dans une suite d’écrits, aujourd’hui classiques, où il expose le second principe de la thermodynamique. L’idée fondamentale qui est à la base de tout le travail de Clausius, c’est qu’il y a des phénomènes irréversibles ; c’est-à-dire des phénomènes dont le sens ne peut être renversé par aucun moyen. Parmi ces phénomènes il faut compter la conductibilité thermique, le frottement, la diffusion.

Cependant l’idée de Carnot, suivant laquelle le transport de la chaleur d’un corps chaud vers un corps froid est équivalent à la chute d’un poids d’un niveau élevé vers un autre inférieur, fut loin d’être facile à évincer. Il y eut des physiciens qui regardèrent les idées de Clausius comme obscures et inutilement compliquées. Ces physiciens se refusaient, notamment, à accepter l’idée de l’irréversibilité de la chaleur parce qu’on en faisait par là une catégorie à part de l’énergie, et ils créèrent ce qui fut appelé « l’énergétique » dans le but de faire pièce à la thermodynamique de Clausius. Pour les énergétistes, comme pour Clausius, le premier postulat est toujours celui de la conservation de l’énergie ; mais leur second postulat qui, selon eux donne le sens de toute transformation, met en parallèle le transport de la chaleur d’un corps chaud vers un corps froid avec la chute d’un corps d’un point élevé vers un autre plus bas, et avec le passage d’une quantité d’électricité d’un potentiel élevé à un autre inférieur. L’irréversibilité présupposée par Clausius à la démonstration du second principe de la thermodynamique fut donc déclarée par eux un aspect accessoire du phénomène et, par voie de conséquence, l’existence du zéro absolu de l’échelle des températures fut également contestée ; car, de même que l’on ne connaît que des différences de niveau et des différences de potentiel, on ne connaît aussi que des différences de température.

Dans une telle assimilation, on passe complètement sous silence ou l’on considère comme négligeable, une différence, pourtant capitale, entre les deux catégories de phénomènes : dans le cas d’un pendule qui s’abaisse, la