Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/261

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position d’équilibre est dépassée et le pendule oscille de part et d’autre ; de même aussi dans le cas d’une étincelle qui éclate entre deux conducteurs, il y a des oscillations électriques. Dans le transport de chaleur au contraire, il n’y a aucune oscillation de la chaleur.

Dans les années quatre-vingt-neuf et quatre-vingt-dix du siècle dernier, une expérience personnelle m’a appris ce qu’il en coûte à un chercheur, en possession d’une idée à laquelle il a mûrement réfléchi, de vouloir la propager. Il a constaté combien les meilleurs arguments qu’il produisait dans ce but pesaient peu, parce que sa voix n’avait pas l’autorité suffisante pour s’imposer au monde savant. À cette époque, il était vain d’essayer de contrecarrer les Wilhelm Ostwald, les Georg Helm, les Ernst Mach.

Un renversement de la situation devait cependant se produire, mais il eut lieu sur un tout autre terrain ; ce fut l’intrusion de l’atomistique qui le provoqua. L’idée d’atome se perd dans la nuit des temps, mais la première formule utilisable qui en fut donnée se trouve dans la théorie cinétique des gaz. Cette théorie a vu le jour sensiblement à l’époque où fut découvert l’équivalent mécanique de la calorie. Elle fut d’abord énergiquement combattue par les énergétistes et elle dut commencer par mener une existence modeste. Mais à la fin du siècle dernier, les progrès de la technique expérimentale lui donnèrent une grande force d’expansion. D’après la théorie atomique, le transport thermique d’un corps chaud vers un corps froid ressemble, non à la chute d’un poids, mais à un phénomène de mixtion, c’est-à-dire à ce qui se passe quand on mélange deux poudres superposées dans le même récipient en agitant ce dernier. On ne voit pas alors la poudre passer par des états oscillant de la séparation complète au mélange parfait, la transformation s’effectue, au contraire, en une seule fois et elle a lieu dans un sens déterminé, toujours le même, qui est de la séparation vers le mélange. Le mélange une fois effectué reste indéfiniment dans le même état ; ce qui est conforme à la notion de phénomène irréversible. En vertu de cette analogie, le second principe de la thermodynamique apparaît comme étant un postulat statistique, une question de probabilité.