Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/263

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consiste à acquérir l’art de se bien conduire. Cependant, comme la conduite présuppose les capacités et les capacités le savoir, la vraie compréhension est une condition indispensable et du pouvoir et de la conduite. Notre temps, épris de rapidité, accueille avec une faveur spéciale toutes les nouveautés sensationnelles ; aussi est-il incliné à accorder une place dans l’éducation à certains résultats de grande envergure avant qu’ils soient suffisamment mûris. Le public est favorablement impressionné quand il sait que les questions scientifiques les plus modernes ont leur place dans les programmes de l’enseignement secondaire ; pourtant il n’y a rien de plus sujet à caution qu’une telle introduction. Dès lors qu’il ne saurait être question de traiter à fond ces questions, tout ce que l’on peut faire, c’est de cultiver chez les élèves un penchant à la facilité intellectuelle qui examine tout au pas de course, et la vénération pour les idées creuses, prises pour de la science. Je considère donc qu’il serait tout à fait inopportun d’introduire dans les programmes de l’enseignement secondaire la théorie de la relativité et la théorie des quanta. Les élèves supérieurement doués seront toujours l’exception et ce n’est pas pour eux que les programmés sont faits. La question de la validité absolument générale du principe de la conservation de l’énergie est sérieusement contestée à l’heure actuelle dans la physique nucléaire ; cependant la mettre en doute devant des écoliers serait une erreur pour laquelle le mot de non-sens pédagogique n’est pas trop fort.

Ce qui peut sortir d’un enseignement toujours à la hauteur des « derniers progrès de la science » nous ne le voyons hélas ! que trop. Souvenons-nous de la façon dont on entend parler de la faillite des sciences exactes dans le grand public. Une des marques les plus frappantes de la confusion des esprits actuelle est certainement le grand nombre des cerveaux inventifs qui s’efforcent de trouver des dispositifs en vue de créer une quantité d’énergie illimitée, ou qui s’efforcent de rendre inoffensifs le mystérieux rayonnement terrestre devenu récemment à la mode. Encore plus étonnante est la facilité avec laquelle ces inventeurs trouvent de bienveillants commanditaires, alors que des recherches scientifiques très importantes et