Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/264

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susceptibles d’être très fécondes doivent être ralenties ou même interrompues, faute d’argent. Tout ceci pour prouver qu’une formation scolaire solide aurait été très utile, non seulement aux inventeurs, mais encore aux prêteurs.

Après cette digression dans le domaine pédagogique, nous reviendrons à notre sujet et nous examinerons une autre idée physique dont le destin changeant est peut être encore plus instructif que l’histoire de la chaleur : je veux dire l’idée de la nature de la lumière.

Les premières recherches sur la nature de la lumière sont contemporaines de la mesure de sa vitesse. L’idée qui amena Newton à formuler sa théorie de l’émanation est de comparer un rayon lumineux à un jet d’eau et la vitesse de la lumière à celle des particules qui se déplacent en ligne droite dans le jet. Cette hypothèse ne permettait pas de rendre compte du phénomène d’interférence, c’est-à-dire du fait que deux rayons lumineux arrivant ensemble à un même endroit peuvent, dans certaines circonstances, y créer de l’obscurité ; aussi la théorie de Newton fut-elle abandonnée et remplacée par la théorie de l’ondulation de Huyghens. Selon cette nouvelle conception, la propagation de la lumière est semblable à la propagation d’une onde dans l’eau. Cette onde se propage concentriquement, du point d’émission dans toutes les directions avec une vitesse qui n’a rien à voir avec celle des particules d’eau. Cette fois-ci, la théorie expliquait parfaitement les phénomènes d’interférence, car deux ondes concourantes peuvent parfaitement s’annuler mutuellement si le sommet de l’une coïncide avec le creux de l’autre. Pourtant, le règne de la théorie ondulatoire ne dura pas plus d’un siècle parce qu’elle échoua quand il fallut expliquer les effets d’un rayon de courte longueur d’onde, à grande distance. Nous savons, en effet, que l’intensité lumineuse décroît comme le carré des distances, c’est pourquoi on ne peut pas comprendre comment un rayon peut développer une énergie qui est tout à fait indépendante de son intensité et qui peut être relativement très grande dans le cas d’ondes courtes comme les rayons X ou γ. Une manifestation aussi puissante, dans le cas de l’intensité lumineuse la plus faible, ne peut s’expliquer que si l’énergie lumineuse est répartie en particules