Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/265

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discrètes ou quanta, ce qui suppose, jusqu’à un certain point, un retour à l’ancienne théorie de Newton.

La situation qui résulte de cet état de chose est extrêmement peu réjouissante ; car les deux hypothèses sont en face l’une de l’autre comme deux adversaires de force égale. Chacun des deux combattants possède une arme bien aiguisée ; mais il a aussi un point vulnérable. Tout ce qu’on peut dire de certain à l’heure actuelle, c’est qu’aucune des deux hypothèses ne pourra triompher exclusivement. La décision proviendra, au contraire, de ce qu’ayant adopté un point de vue plus large, on pourra, par là même, mettre clairement en évidence, ce par quoi chacune des hypothèses se justifie, et ce par quoi elle est trop étroite.

Pour trouver ce point de vue plus général, il nous faudra tourner notre attention vers la source dont procède toute expérience, c’est-à-dire, dans le cas présent, vers les phénomènes qui ont lien quand on effectue une mesure optique. Il nous faudra donc inclure les instruments de mesure parmi les objets qui doivent être soumis à notre examen. Or c’est là une démarche dont la portée est, en principe, énorme, car elle revient à introduire en physique le concept de totalité. Suivant la nouvelle manière de voir, pour arriver à élucider complètement les lois d’un phénomène optique, il est nécessaire, non seulement de les considérer dans le lieu où ils prennent naissance et se propagent, mais encore de soumettre à un examen attentif tout le processus de mesure. Les instruments ne sont pas des récepteurs purement passifs, se contentant d’enregistrer le rayonnement qui leur parvient ; ils ont une part active dans la mesure et en conditionnent causalement le résultat. Seul le système comprenant à la fois l’instrument et le phénomène, peut être considéré comme un tout physique obéissant à des lois.

Il serait très difficile, à l’heure actuelle, de dire si l’évolution de toutes les idées physiques aura un cours analogue ; l’avenir sent pourra nous renseigner à ce sujet. Nous continuerons donc notre enquête en quittant le domaine un peu spécial de la physique et nous considèrerons des problèmes d’une portée plus générale.

Tout d’abord, nous nous demanderons s’il est possible