Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/30

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l’aide de ces constantes, on pourrait donc déterminer des unités de longueur, de masse, de temps et de température nécessairement valables pour tous les temps et pour toutes les civilisations, même extra-terrestres, bien plus, même extra-humaines, ce qui n’est aucunement le cas des unités de notre système de mesures actuel. Le centimètre, par exemple, est en rapport avec la circonférence actuelle de la terre ; la seconde, avec la durée actuelle de la révolution terrestre ; le gramme, avec l’eau qui est le corps le plus répandu à la surface de la terre ; la température, par les points fixes de l’échelle thermométrique, est en relation avec les changements d’état de cette même eau. Au contraire les constantes en question sont telles que les habitants de Mars et même tout être intelligent, doit fatalement les rencontrer au cours de ses calculs, s’ils ne les à pas déjà trouvées.

Je n’ajouterai qu’une dernière remarque, extrêmement importante, il est vrai ; cette remarque se rattache à la liaison qui a été établie entre les notions d’entropie et celle de probabilité. Nous avons cité plus haut le théorème d’après lequel la probabilité du système résultant de la réunion de deux systèmes est le produit de la probabilité de chacun des deux systèmes composants ; or ce théorème ne s’applique que dans le cas de deux systèmes indépendants, cette indépendance étant prise dans le sens où l’on entend ce terme dans le calcul des probabilités. S’il n’en est pas ainsi, la probabilité résultante ne sera plus égale au produit des probabilités partielles. Il est donc plausible qu’il y ait des cas où l’entropie totale d’un système ne soit pas égale à la somme des entropies propres aux différentes parties de ce système et, effectivement, Max Laue a prouvé qu’on pouvait trouver dans la nature des exemples de phénomènes où il en était bien ainsi. Deux rayons lumineux totalement ou partiellement cohérents (c’est-à-dire deux rayons qui proviennent de la même source) ne sont pas indépendants l’un de l’autre, au point de vue du calcul des probabilités, car les vibrations élémentaires dont se composent chaque rayon sont déterminées au moins partiellement par celles de l’autre. Il est donc possible d’imaginer un dispositif optique assez simple permettant à deux rayons cohérents de températures quelconques de se