Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convertir en deux autres présentant une plus grande différence de température. Le vieux principe de Clausius qui veut que la chaleur ne puisse pas passer sans compensation d’un corps froid dans un corps plus chaud ne s’applique donc pas aux rayons thermiques cohérents. Cependant, même dans ce cas, le principe de l’augmentation de l’entropie conserve sa valeur, si l’on tient compte de ce que l’entropie du rayonnement total n’est pas égale à la somme des entropies de chaque rayon composant, mais est plus petite que cette somme.

Le problème posé plus haut de la transformation du mouvement brownien en travail utilisable soulève une remarque tout à fait analogue. Un dispositif qui aurait pour effet de diriger et de mettre en ordre le mouvement des particules, qu’il soit réalisable techniquement ou non, devrait, en effet, nécessairement posséder une certaine cohérence avec le mouvement particulaire lui-même, ceci étant admis, il ne serait nullement contradictoire avec le second principe de la thermodynamique d’admettre que ce dispositif en fonctionnant puisse produire du travail utilisable. Pour lever la contradiction apparente, il suffirait d’observer qu’on ne doit pas additionner l’entropie propre au dispositif et celle qui est propre au mouvement brownien. On voit par là suffisamment combien il faut être prudent dans le calcul de l’entropie d’un système composé à partir de l’entropie des systèmes composants. Si l’on veut raisonner d’une manière rigoureuse, il faut prendre séparément chacun des sous-systèmes et se demander tout d’abord s’il n’existe pas quelque part ailleurs, dans le système total, un autre sous-système qui soit cohérent avec le premier. S’il en était ainsi les deux sous-systèmes cohérents pourraient bien par leur interaction mutuelle produire des effets tout à fait inattendus, contradictoires en apparence avec le second principe. Si les deux sous-systèmes cohérents n’exerçaient aucune action l’un sur l’autre, on ne commettrait pas d’erreur appréciable en ne tenant pas compte de leur cohérence dans le calcul du comportement du système total.

Toutes ces considérations sur la cohérence un peu bizarres, je l’avoue, ne vous font-elles pas penser, par un rapprochement involontaire, aux interactions mutuelles,