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la surface du liquide placée au niveau le plus élevé s’élevait encore davantage sans l’aide d’aucune impulsion extérieure entraînant un abaissement correspondant, il y aurait création d’énergie, ce qui est contraire au premier principe de la thermodynamique. Dans le cas de l’autre phénomène, il n’en est déjà plus ainsi, car le transport de chaleur pourrait aussi bien se faire de telle sorte que la chaleur passât de l’eau froide dans le fer chaud sans que le principe de la conservation de l’énergie fût violé. Tout ce que ce principe demande, c’est que la chaleur fournie par l’eau soit égale à la chaleur cédée au fer.

Mais il y a encore une autre différence entre les cours des deux phénomènes qui ne saurait échapper, même à l’observateur le moins averti. Le liquide qui tombe d’un niveau élevé vers un autre plus bas coulera d’autant plus vite qu’il s’abaissera davantage et quand l’égalité des niveaux dont nous avons parlé plus haut s’est établie, le liquide ne restera pas au repos dans la position d’équilibre, il la dépassera au contraire en vertu de son inertie, de telle sorte que le liquide qui était tout à l’heure au niveau le plus élevé sera maintenant au niveau le plus bas. Dans cette seconde phase du phénomène, la vitesse du liquide ira en diminuant jusqu’à devenir nulle, puis le phénomène se renouvellera dans l’ordre inverse. Si toute perte d’énergie provenant, soit de la résistance de l’air, soit du frottement du liquide contre les parois, pouvait être évitée, le liquide oscillerait indéfiniment autour de sa position d’équilibre. C’est pourquoi le phénomène peut être dit réversible.

Il en est tout autrement dans le cas de la chaleur, plus la différence de température entre le fer et l’eau sera petite et plus le transport de chaleur sera lent. Si l’on calculait au bout de combien de temps l’équilibre sera établi, on trouverait qu’il faut un temps infini pour y parvenir. En d’autres termes, entre le fer et l’eau on trouvera toujours une petite différence de température, aussi longtemps qu’on attende. Il n’y a donc pas trace d’un mouvement oscillatoire de la chaleur entre les deux corps, le transport a toujours lieu dans le même sens, et l’on doit dire que le phénomène est irréversible.

Parmi les contrastes que l’on peut observer entre les