Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/60

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phénomènes physiques, il n’en est pas de plus grand que celui qui oppose les phénomènes irréversibles aux phénomènes réversibles. Les phénomènes de gravitation, les oscillations électriques et mécaniques appartiennent à la première catégorie, on peut facilement les faire rentrer dans le domaine d’application d’une seule et même loi dynamique : le principe de la moindre action qui contient lui-même implicitement le principe de la conservation de l’énergie. La conductibilité thermique, la conductibilité électrique, le frottement, la diffusion et toutes les réactions chimiques pour peu qu’elles aient lieu avec une vitesse notable font partie des phénomènes irréversibles. Tous ces phénomènes obéissent, ainsi que Clausius l’a montré, au second principe de la thermodynamique ; postulat qui doit son importance et sa remarquable fécondité à ce qu’il permet de prévoir le sens dans lequel un phénomène irréversible aura lieu.

Il était réservé à Ludwig Boltzmann de découvrir, par le moyen de considérations atomistiques, la cause profonde de toutes les particularités communes à tous les phénomènes irréversibles, particularités qui sont la raison des difficultés insurmontables que rencontre une explication dynamique de ces phénomènes. Et Boltzmann découvrait aussi du même coup quelle est la véritable signification du second principe de la thermodynamique. D’après l’hypothèse atomistique, l’énergie thermique d’un corps n’est pas autre chose que l’ensemble des mouvements irréguliers et extrêmement rapides dont les molécules de ce corps sont animées. La valeur de la température correspond à la force vive moyenne des molécules et le transport de chaleur d’un corps chaud vers un corps plus froid est dû à ce que les forces vives des molécules tendent à s’égaliser en moyenne, de part et d’autre de la surface de contact des deux corps par suite de nombreux chocs.

Il ne faudrait pas cependant supposer que dans le choc de deux molécules, celle qui a la plus grande force vive en perd nécessairement une partie tandis que celle qui a la plus petite force vive voit son mouvement s’accélérer. En effet, si une molécule animée d’un mouvement rapide reçoit de côté et suivant une direction oblique le choc d’une molécule lente, sa vitesse s’accroîtra encore davan-