Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/67

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susceptible d’une énonciation générale rigoureuse, bien qu’on parle souvent des limites de sa validité. Cet énoncé exact pourrait être formulé à peu près ainsi : Tous les changements physico-chimiques ont lieu, en moyenne, dans un sens tel que la probabilité des états qu’ils amènent va en croissant. Par exemple, de tous les états qu’un système de corps peut prendre, le plus probable, présente cette particularité que tous les corps y sont à la même température et c’est aussi l’unique raison pour laquelle la conduction de la chaleur a toujours lieu, en moyenne, dans le sens qui aboutit à cette uniformisation de la température.

Mais, en ce qui concerne un phénomène donné, le second principe ne permet de rien affirmer si l’on ne s’est pas assuré tout d’abord que, dans sa marche, il ne s’écarte pas notablement de la marche moyenne d’un grand nombre de phénomènes débutant par le même état initial. Théoriquement l’hypothèse du désordre élémentaire suffit pour que cette condition soit remplie, mais, expérimentalement, le seul moyen de contrôle consiste à répéter la même expérience un grand nombre de fois successivement ou à la faire reproduire par des expérimentateurs travaillant indépendamment les uns des autres. Cette reproduction d’une même expérience, souvent un grand nombre de fois, est d’un usage constant en physique pratique. Quel est en effet le physicien qui se contenterait d’exécuter une seule fois la même expérience, quand ce ne serait que pour éliminer les erreurs d’expérience inévitables ?

Si nous passons maintenant à l’énergie nous voyons qu’elle n’a aucun rapport direct avec le second principe, la meilleure preuve en est qu’il existe un phénomène qui peut n’être accompagné d’aucune variation d’énergie : ce phénomène est la diffusion. Celle-ci a lieu tout simplement parce que le mélange intime de deux substances différentes est plus probable qu’un mélange où la répartition n’est pas uniforme. On peut, il est vrai, soumettre la diffusion aux lois de l’énergétique en introduisant la notion de l’énergie libre. Cette notion permet de formuler les faits d’une façon commode et assez intuitive ; mais son emploi ne constitue jamais qu’un procédé indirect, car l’énergie