Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/68

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libre ne peut être définie en faisant abstraction de ses rapports avec la probabilité.

Nous terminerons ce rapide aperçu en jetant un coup d’œil sur les phénomènes de la vie psychique. Ici encore, nous voyons que tout se passe de la même façon ; avec cette différence cependant, que l’importance de la causalité stricte y est très inférieure à celle de la probabilité. En d’autres termes, le microcosme s’efface devant le macrocosme. Pourtant malgré tout, le postulat d’un déterminisme absolu s’étendant même à ce qui touche la volonté humaine et la morale n’en reste pas moins, ici comme partout ailleurs, la condition indispensable de la recherche scientifique. Toutefois, dans cette application du déterminisme, on ne doit pas négliger une précaution qui s’impose dans les sciences de la nature elle-même. Cette précaution à laquelle on ne fait ordinairement pas attention, bien qu’on la tienne comme allant de soi, consiste à s’assurer que le phénomène à examiner n’est pas troublé dans son cours, par l’action de l’expérimentateur lui-même. Si un physicien veut mesurer la température d’un corps, il ne faut pas qu’il se serve d’un thermomètre tel que la température de ce corps soit modifiée quand on le met en contact avec le thermomètre. En principe, une recherche psychologique ne peut donc être pleinement objective que si elle a pour objet une personne autre que celle de l’expérimentateur et pour autant que cette personne est effectivement indépendante de lui. En ce qui concerne l’auto-observation, elle ne pourrait être admissible qu’en ce qui concerne le passé, pour autant que ce passé se présente aux yeux du psychologue comme quelque chose d’achevé et de définitif, dépourvu d’influence sur son propre présent. En aucun cas l’expérimentation ne saurait s’étendre au présent ni à l’avenir, d’ailleurs accessible uniquement par l’intermédiaire du présent. La pensée et la recherche scientifique sont en effet des parties intégrantes de la vie psychologique humaine et si l’objet de la recherche est identique avec le sujet pensant et cherchant, ce dernier se trouvera être dans un état de transformation perpétuelle au fur et à mesure que la connaissance progressera.

Il est donc tout à fait vain, et c’est se lancer dans une