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l’on appelle le potentiel de résonance ou par le calcul de la vitesse critique, c’est-à-dire de la vitesse minimum qu’un électron doit posséder pour provoquer l’émission d’un quantum de lumière dans son choc contre un électron, ont fourni une méthode de mesure du quantum d’action, telle qu’on n’en saurait imaginer de plus directe[1]. Enfin l’excitation du rayonnement caractéristique du spectre de Röntgen peut aussi servir de point de départ à des méthodes de calcul du quantum d’action, qui d’après les essais effectués par D. L. Webster et E. Wagner fournissent des résultats tout à fait concordants avec les précédents.

L’émission d’électrons par incidence de la lumière ordinaire, des rayons de Röntgen ou des rayons y sur la matière est le phénomène inverse de l’émission de quanta lumineux par le choc des électrons ; les quanta d’énergie déterminés par le quantum d’action et par la fréquence vibratoire pourront donc dans ce cas également jouer un rôle caractéristique. À lui seul le fait, si remarquable, que la vitesse des électrons ne dépend pas du tout de l’intensité du rayonnement incident[2], mais seulement de la couleur de la lumière[3] permettait de le soupçonner depuis longtemps, mais ce qui est bien plus remarquable c’est que les lois photoquantiques se sont trouvées vérifiées de point en point comme cela résulte des mesures effectuées par R. A. Millikan, sur la vitesse des électrons émis[4] et aussi des découvertes de E. Warburg sur l’importance des quanta de lumière dans l’amorçage des réactions photochimiques[5].

Les résultats expérimentaux dont je viens de parler, qui se rapportent aux branches les plus diverses de la physique, constituent déjà un faisceau impressionnant de preuves en faveur de l’existence du quantum d’action ; mais c’est à la découverte et au développement de la théorie atomique de Niels Bobr que la théorie des quanta doit son fondement le plus solide. Cette théorie est, en effet, la première qui ait réussi en s’appuyant sur le quantum d’action à trouver une clef permettant de pénétrer dans le domaine mystérieux de la spectroscopie. Depuis la découverte de l’analyse spectrale, toutes les tentatives d’explication des phénomènes qu’elle avait révélée étaient

  1. J. Franck et G. Hertz : Verhandl. d. Deutsch. Physik. Ges., vol. 16, p. 512 (1914).
  2. Ph. Lenard : Ann. d. Physik, vol. 8, p. 149 (1902).
  3. R. Ladenburg : Verh. d. Deutsch. Physik. Ges., vol. 9, p. 504 (1907).
  4. R. A. Millikan : Phys. Ztschr., vol. 17, p. 217 (1916).
  5. Warburg : Sur l’échange d’énergie dans les réactions photochimiques des gaz. Sitz. Ber. d. Preuss. Akad. d. Wiss. depuis 1911.