Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

restées vaines. Mais à peine la voie d’accès eut-elle été trouvée avec la théorie de Bohr qu’on assista à une véritable avalanche de connaissances nouvelles dans ce domaine et dans tous les domaines voisins de la physique et de la chimie. La première découverte sensationnelle fut l’explication théorique de la formule empirique de la série de Balmer dans le cas de l’hydrogène et de l’hélium. Cette découverte permettait de ramener la constante universelle de Rydberg à des grandeurs numériques bien connues[1]. Le léger écart des valeurs trouvées pour l’hélium et pour l’hydrogène devenait même une conséquence nécessaire de la théorie, par suite du léger mouvement dont devaient être animés les lourds noyaux atomiques. Enfin le succès obtenu dans le cas de l’hydrogène et de l’hélium ayant naturellement conduit à étudier d’autres séries dans le spectre de la lumière ordinaire et dans le spectre des rayons X, le principe de combinaison de Ritz fut découvert et il se montra d’une fécondité extraordinaire. Or ce principe est aujourd’hui rattaché d’une façon tout à fait claire aux principes fondamentaux de la théorie des quanta.

Si malgré l’existence de telles coïncidences numériques, pourtant singulièrement probantes, quand on pense à la grande précision des mesures spectroscopiques, il se trouvait quelqu’un pour y voir une simple coïncidence fortuite, ses dernières hésitations devraient cependant cesser en voyant Sommerfeld démontrer que l’on peut étendre les lois de la répartition quantique aux systèmes doués de plusieurs degrés de liberté et tirer de cette extension, jointe à la considération de la variabilité de la masse inerte telle qu’elle résulte de la théorie de la relativité, cette formule véritablement merveilleuse, grâce à laquelle il n’y a plus de mystère dans les particularités les plus fines des spectres de l’hydrogène et de l’hélium[2]. Cette formule a été confirmée par les mesures les plus précises qui soient possibles à l’heure actuelle, celles de F. Paschen[3]. On peut dire sans exagération qu’il y a là un événement scientifique à mettre en parallèle avec la découverte de la planète Neptune. (L’astronome Leverrier, on le sait, en avait découvert non seulement l’existence, mais encore il avait calculé les éléments de sa trajectoire avant

  1. M. Born : Phil. Mag., vol. 30, p. 394 (1915).
  2. A. Sommerfeld : Ann. d. Physik, vol. 51, pp. 1 et 125 (1916).
  3. F. Paschen : Ann. d. Physik, vol. 50, p. 901 (1916).