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CHAPITRE V

LA LOI CAUSALE ET LE LIBRE ARBITRE

Le libre arbitre et la loi de causalité ! Question aussi ancienne que l’intime effort de tout homme sérieux et réfléchi pour accorder ensemble la conscience de sa propre dignité morale et la conviction qu’un ensemble de lois rigoureuses régit tout le fonctionnement du monde intérieur comme du monde extérieur.

Il se manifeste ici pourtant, au premier abord, un contraste tel qu’on en peut guère concevoir de plus tranché. D’une part, la course des faits qui se succèdent selon d’inflexibles règles dans la nature comme dans la vie de l’esprit, condition première de toute connaissance scientifique et fondement pratique de toutes nos actions. D’autre part, la certitude enracinée en nous par notre propre conscience, c’est-à-dire par la source de connaissance la plus immédiate qui puisse exister, que nous sommes maîtres, en fin de compte, de nos pensées et décisions propres ; que nous avons la possibilité, à tout instant, d’agir de telle façon ou de telle autre, sagement ou follement, bien ou mal. Comment accorder ces deux choses ? Et pourtant, chacun de nous fait partie, sans conteste, du grand univers et par suite se trouve soumis à ses lois comme tous les autres êtres. Le nombre des investigations et l’abondance des pensées que les esprits les plus pénétrants chez tous les peuples civilisés ont consacrés à ce problème est tout simplement sans limites comme, en regard, le nombre des solutions proposées.

Je n’ambitionne pas d’ajouter une spéculation de plus