Page:Planck - Initiations à la physique, trad. du Plessis de Grenédan, 1941.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compliqué que les corps interposés seront plus nombreux et plus divers. Rien que dans l’atmosphère, le trajet de la lumière est très complexe parce que l’air aux diverses altitudes est diversement réfringent. Mais toutes les questions qui se posent ainsi à la fois se trouvent réglées d’une façon parfaitement exacte par ce principe remarquable que la lumière partie de l’étoile choisit toujours entre toutes les voies dont elle dispose, précisément celle qui doit la conduire jusqu’à notre œil dans le minimum de temps, de telle sorte que nous n’avons à considérer que les vitesses diverses avec lesquelles la lumière chemine à travers les divers milieux. C’est ce qu’on appelle le « principe du temps minimum ».

Or ce principe fécond n’aurait aucun sens si nous l’étions pas en état d’imaginer aussi pour la lumière des cheminements qui ne se présentent en aucune façon dans le réel et sont, dès lors, causalement impossibles. Tout se passe comme si la lumière possédait une certaine intelligence et poursuivait le louable dessein d’atteindre aussi rapidement que possible son but fixé d’avance. Ajoutez qu’elle n’a jamais le temps de reconnaître, en fait, différentes voies possibles et doit au contraire se décider immédiatement pour la plus rapide. Il y a dans la physique plus d’un cas semblable, par exemple, celui des mouvements dits virtuels qui n’obéissent pas aux lois dynamiques et par suite, du point de vue causal, sont également impossibles. Ils jouent malgré cela un rôle important dans la théorie ; ils ne contredisent donc aucune loi de la pensée.

II

Nous voici donc convaincus que la loi de causalité ne fait aucunement partie des conditions de notre pensée. C’est à ce moment que se pose, et d’autant plus digne d’attention, la question de l’essence propre de la causalité et celle de la valeur de la loi causale, dans le domaine du monde réel. D’une façon très générale, nous pouvons définir la causalité comme la loi d’interdépendance des événements qui se succèdent dans la durée. Reste à savoir si cette idée d’interdépendance trouve son fondement dans