On le dit ainsi communément, Socrate.
A la bonne heure, repris-je ; mais ce n’est pas [359d] ce que je te demande ; c’est ton sentiment que je veux savoir. Au-devant de quels objets, dis-tu, que vont les courageux ? Est-ce au-devant des objets propres à inspirer la crainte, et les regardant comme tels ?
Mais, répondit-il, il vient d’être démontré, par tout ce que tu as dit, que cela est impossible.
Cela est encore vrai, dis-je. Si donc cette démonstration est bien faite, personne ne va au-devant des objets qu’il juge terribles, puisque nous avons vu qu’être inférieur à soi-même est un effet de l’ignorance.
Il l’avoua.
Tous vont donc au-devant des objets qui peuvent inspirer la confiance, tant les courageux que les lâches, et à cet égard [359e] les uns et les autres se portent vers les mêmes choses.
Cependant, Socrate, me dit-il, les lâches et les courageux se portent vers des objets tout-à-fait opposés. Sans aller plus loin, les uns vont volontiers à la guerre, et les autres n’y veulent point aller.
Est-ce, repris-je, dans les cas où il est beau ou honteux d’y aller ?
Dans les cas où il est beau d’y aller, me dit-il.