Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/156

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recevoir ? Non. Ce n’est donc pas à cause de la douleur que l’injustice est laide ; ce n’est pas par conséquent à cause de la douleur et du mal pris à-la-fois ; c’est donc le mal en lui-même qui nous fait regarder l’injustice comme plus honteuse à commettre qu’à recevoir, et l’injustice ne blesse le sentiment du beau que parce qu’elle est contraire à la notion du bien. D’où il suit que le consentement universel dépose qu’il est mieux de recevoir l’injustice que de la commettre. Mais le bien dans son opposition à l’agréable, c’est l’utile en soi. Aussi dans l’application Platon emploie souvent le mot ὀφέλιμον pour synonyme d’ἀγαθόν. Or nul ne préférant le laid au beau, le mal au bien, le nuisible à l’utile, Socrate a donc démontré à Polus que lui-même n’aimerait pas mieux faire une injustice que de la recevoir. Voilà pour la première maxime. — Quant à la seconde, savoir, que la punition de l’injustice vaut mieux que son impunité, le raisonnement de Socrate