Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/159

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est que notre premier soin doit être de ne commettre aucune injustice, et le second, quand nous en avons commis une, d’invoquer la punition au lieu de l’éviter, et de nous hâter de nous délivrer par elle de cette triste maladie de l’injustice et du désordre, qui pourrait, en séjournant dans l’âme, y engendrer une corruption incurable.

Maintenant appliquons tout ceci à l’éloquence. Loin que l’orateur soit heureux de pouvoir commettre l’injustice à son profit ou au profit de ses amis, il en est profondément malheureux ; loin qu’il soit heureux de pouvoir par la rhétorique assurer à lui-même ou à d’autres l’impunité de l’injustice, cette impunité est pour lui et pour eux le dernier des malheurs ; et si la rhétorique voulait être vraiment utile, elle devrait faire précisément le contraire de ce qu’elle fait, et au lieu de défendre un client coupable contre la juste sentence d’une punition salutaire, elle devrait la solliciter en son nom comme un bienfait.