Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/169

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les bons souffrir ou jouir à-peu-près de même ; l’homme raisonnable n’est pas plus exempt de chagrins que l’insensé, seulement il les supporte autrement, les gouverne et les contient : le brave souffre comme le lâche, et le héros comme la faible femme. Ni l’étude, ni la sagesse, ni la force de l’âme, ni l’exercice assidu de la vertu, ne sauvent personne de l’humiliant partage du plaisir et de la peine avec tout ce qu’il y a de plus dégradé sur la terre. Qu’est-ce donc qu’un sentiment commun aux êtres les plus opposés ? Qu’est-ce autre chose, encore une fois, qu’un misérable phénomène sans caractère propre, résultat nécessaire de l’enveloppe commune à tous, de cette enveloppe qui cache l’homme et ne le constitue pas ? Et supposez qu’elle le constitue, supposez que le plaisir soit le bien et la douleur le mal, il s’ensuivrait que quiconque a du plaisir est bon, et quiconque souffre, méchant ; que le brave qui souffre, et qui est bon en tant que brave,