Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ont nourris et caressés. Après avoir enseigné au peuple le mépris de l’ordre, la cupidité, la vanité, la paresse et la lâcheté, la corruption qui a servi de marche-pied à leur puissance, se retourne contre eux et les précipite. Ils se récrient alors ; ils accusent l’ingratitude de leurs contemporains, comme s’ils ne recueillaient pas ce qu’ils ont semé, comme si le maître était reçu à se plaindre de l’élève qu’il a formé, et comme si l’accuser n’était pas s’accuser soi-même !

Par tous ces motifs, Socrate rejette la fausse rhétorique, et se décide pour la vraie, avec laquelle il pourra faire quelque bien, sauver quelques âmes et la sienne : mais il ne se dissimule pas qu’avec celle-là il faut que tôt ou tard il succombe ; car il est impossible de faire du bien aux hommes sans se perdre soi-même. Les hommes ne connaissent pas leurs vrais intérêts, et ne sont pas plus capables de préférer qui les aime à qui les flatte, qu’un enfant mal élevé n’est