Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’a-t-il répondu en riant ; il me fait injure d’être sage tout seul, et de ne pas me rendre tel. — Oh ! lui ai-je dit, si tu lui donnes de l’argent, et que tu le gagnes, il te rendra sage aussi. — Plût à Jupiter, et à tous les dieux, [310e] qu’il ne tînt qu’à cela, m’a-t-il dit ; je ne me laisserais pas une obole, et j’épuiserais la bourse de mes amis. Ce n’est pas autre chose qui m’amène : je viens te prier de lui parler pour moi ; car, outre que je suis trop jeune, je ne l’ai jamais ni vu ni connu. Je n’étais qu’un enfant à son premier voyage ; mais j’entends tout le monde en dire beaucoup de bien, et on assure que c’est le plus éloquent des hommes. Que n’allons-nous chez lui avant [311a] qu’il sorte : on m’a dit qu’il loge chez Callias, fils d’Hipponicus ; allons-y, je t’en conjure. — Pas encore ; il est trop matin, lui ai-je dit ; mais allons nous promener dans notre cour, nous resterons là jusqu’à ce que le jour vienne, après quoi nous irons. Ainsi, sois tranquille, nous le trouverons chez lui, selon toute apparence ; Protagoras ne sort guère.

Nous sommes donc descendus dans la cour, et, en nous promenant, je [311b] voulus tâter un peu Hippocrate. Je me mis à l’examiner et à l’interroger. Oh ça, Hippocrate ; tu vas aller chez Protagoras lui offrir de l’argent, afin qu’il t’enseigne quelque chose ; mais quel homme penses-