Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/298

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de sentiment, pour te conformer à ses intentions. La même chose t’arrive vis-à-vis de ce beau garçon, le fils de Pyrilampe. Tu ne saurais résister aux volontés ni aux discours de ce que tu aimes ; et si quelqu’un, témoin du langage que tu prends ordinairement pour leur complaire, en paraissait surpris, et le trouvait absurde, tu lui répondrais probablement, si tu voulais dire la vérité, qu’à moins qu’on ne vienne à bout d’empêcher tes amours de parler comme ils font, tu ne peux t’empêcher toi-même de parler comme tu fais. Figure-toi donc que tu as la même réponse à entendre de ma part, et ne t’étonne point des discours que je tiens ; mais engage la philosophie, mes amours, à ne plus parler de même ; car c’est elle, mon cher, qui dit ce que tu as entendu ; et elle est beaucoup moins étourdie que mes autres amours. Le fils de Clinias parle tantôt d’une façon, tantôt d’une autre ; mais la philosophie a toujours le même langage. Ce qui te paraît à ce moment si étrange, est d’elle : tu viens de l’entendre. Ainsi, ou réfute ce qu’elle disait tout-à-l’heure par ma bouche, et prouve-lui que commettre l’injustice et vivre dans l’impunité après l’avoir commise, n’est pas le comble de tous les maux, ou si tu laisses cette vérité subsister dans toute sa force, je te jure, Calliclès, par le dieu des