Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/353

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sujet sur lequel elle travaille, connaît les causes de ce qu’elle fait, et peut rendre raison de chacune de ses opérations : au lieu que la cuisine, appliquée tout entière à l’apprêt du plaisir, tend à ce but sans s’appuyer sur aucun principe, n’ayant examiné ni la nature du plaisir, ni les motifs de ses opérations ; pratique et routine tout-à-fait dépourvue de raison, incapable de se rendre, pour ainsi dire, compte de rien, simple souvenir de ce qu’on a coutume de faire ; voilà comment elle procure du plaisir. Considère d’abord si cela te paraît juste, et ensuite s’il y a, par rapport à l’âme, des professions du même genre, dont les unes marchent suivant les règles de l’art, ménagent à l’âme ce qui lui est avantageux ; tandis que les autres le négligent, et, comme dans mon dernier exemple, s’occupent uniquement des plaisirs de l’âme, et des moyens de lui en procurer, n’examinant, du reste, en aucune manière quels sont les bons plaisirs et les mauvais, et ne se mettant en peine d’autre chose que d’affecter l’âme agréablement, que ce soit son avantage, ou non. Pour moi, je pense, Calliclès, qu’il y a de pareilles professions, et je dis que telle est la flatterie, tant par rapport au corps que par rapport à l’âme, et à toute autre chose dont on veut procurer le plaisir, sans avoir le moindre égard