Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/369

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, Calliclès, achever à nous deux cette dispute, écoute-moi du moins, et lorsqu’il m’échappera quelque chose qui ne te paraîtra pas bien dit, arrête-moi. Si tu me prouves que j’ai tort, je ne me fâcherai pas contre toi, comme tu viens de faire, loin de là, je te tiendrai pour mon plus grand bienfaiteur.

CALLICLÈS.

Eh bien ! mon cher, parle toi-même, et achève.

SOCRATE.

Écoute donc : je vais reprendre notre discours dès le commencement. L’agréable et le bon sont-ils la même chose ? Non, comme nous en sommes convenus, Calliclès et moi. Faut-il faire l’agréable en vue du bon, ou le bon en vue de l’agréable ? Il faut faire l’agréable en vue du bon. L’agréable n’est-ce point ce qui, lorsque nous l’avons, nous fait avoir de l’agrément ? et le bon, ce qui, étant en nous, fait que nous sommes bons ? Sans contredit. Or, nous sommes bons, nous et toutes les autres choses qui sont bonnes, par la présence de quelque propriété. Cela me paraît incontestable, Calliclès. Mais la vertu d’une chose, quelle qu’elle soit, meuble, corps, âme, animal, ne se rencontre pas ainsi en elle à l’aventure d’une manière parfaite ; elle doit sa naissance à un certain arrangement, disposi-