Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/403

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chant, quand par ses soins il est devenu et il est réellement bon ?

CALLICLÈS.

Cela me paraît absurde.

SOCRATE.

N’est-ce pas pourtant le langage que tu entends tenir à ceux qui font profession de former les hommes à la vertu ?

CALLICLÈS.

Il est vrai : mais que peut-on attendre autre chose de gens méprisables, tels que les sophistes ?

SOCRATE.

Eh bien, que diras-tu de ceux qui se vantant d’être à la tête d’un état, et de mettre tous leurs soins à le rendre le meilleur possible, l’accusent ensuite à la première occasion, comme étant très corrompu ? Crois-tu qu’il y ait quelque différence entre eux et les précédens ? Le sophiste et l’orateur, mon cher, sont la même chose, ou deux choses très ressemblantes, comme je le disais à Polus. Mais faute de connaître cette ressemblance, tu penses que la rhétorique est ce qu’il y a de plus beau au monde, et tu méprises la profession de sophiste. Dans la vérité cependant la sophistique est autant plus belle que la rhétorique, que la fonction de législateur l’emporte sur celle de juge, et la gymnastique