Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/511

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celui qui aime et celui qui est aimé. À ces mots, il se mit à rougir bien plus fort. Là-dessus, Ctésippe lui dit : En vérité, Hippothalès, il te sied bien de rougir de la sorte, et de n'oser dire à Socrate le nom qu'il te demande, quand, pour peu qu'il restât auprès de toi, il ne pourrait manquer d'en être assommé, à force de te l'entendre répéter ! Pour nous, Socrate, il nous en a [204d] rendus sourds ; il ne nous remplit les oreilles que du nom de Lysis ; surtout lorsqu'il est animé par un peu de vin, il nous en étourdit si bien qu'en nous réveillant le lendemain nous croyons entendre encore le nom de Lysis. Passe encore pour ce qu'il nous dit dans la conversation, quoique ce soit déjà beaucoup ; mais c'est bien autre chose quand il vient nous inonder d'un déluge de vers et de prose, et, ce qui est pis que tout cela, quand il se met à chanter ses amours d'une voix admirable, qu'il nous faut entendre patiemment. Et maintenant, le voilà qui rougit à une simple question ! [204e] — Ce Lysis, repris-je, est un tout jeune homme, à ce qu'il paraît ; je le conjecture du moins, car, en te l'entendant nommer, je ne l'ai pas reconnu. — C'est qu'en effet on ne l'appelle guère par son propre nom, mais par celui de son père, qui est un homme de beaucoup de réputation. Au reste,