Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/595

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tout ce qui est de ce genre ne mérite pas d'être appelé beau, si tu le compares avec une belle cavale, une belle fille, et toutes les autres belles choses.

[289a] SOCRATE.

A la bonne heure. Je comprends maintenant comment il nous faut répondre à celui qui nous fait ces questions. Mon ami, lui dirons-nous, ignores-tu combien est vrai le mot d'Héraclite, que le plus beau des singes est laid si on le compare à l'espèce humaine ? De même la plus belle des marmites, comparée avec l'espèce des filles, est laide, comme dit le sage Hippias. N'est-ce pas là ce que nous lui répondrons, Hippias ?

HIPPIAS.

Oui, Socrate, c'est très bien répondu.

SOCRATE.

Un peu de patience, je te prie ; voici à coup sûr ce qu'il ajoutera : Quoi, Socrate ! n'arrivera-t-il pas aux filles, si on les compare avec des déesses, [289b] la même chose qu'aux marmites si on les compare avec des filles ? La plus belle fille ne paraîtra-t-elle pas laide en comparaison ? Et n'est-ce pas aussi ce que dit Héraclite que tu cites, que l'homme le plus sage ne paraîtra qu'un singe vis-à-vis de Dieu, pour la sagesse, la beauté et tout le reste ? Accorderons-nous, Hippias,