Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/64

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que la sainteté ou ce qui lui ressemble le plus, et que rien n’approche davantage de la justice que la sainteté, ni de la sainteté que la justice. Cependant vois si tu t’opposes à ce que je fasse cette réponse, ou si tu penses comme moi.

Il ne me paraît pas, Socrate, a-t-il dit, que l’on doive accorder ainsi simplement [331c] que la justice est sainte et la sainteté juste : je crois qu’il y a en cela quelque distinction à faire. Mais qu’importe après tout ? Si tu le veux, je consens que la justice soit sainte, et que la sainteté soit juste.

Non point, ai-je dit. Il n’est pas question de si tu veux, ou si bon te semble, mais de ton sentiment et du mien : quand je dis, ton sentiment et le mien, j’entends que la meilleure manière [331d] de diriger la discussion est d’en retrancher ceci.

Eh bien ! a repris Protagoras, la justice ressemble en quelque chose à la sainteté : aussi bien toutes les choses se ressemblent à quelques égards. Le blanc ressemble ou noir par quelque endroit, le dur au mol, et ainsi de toutes les autres qualités qui paraissent les plus opposées. Les parties même du visage en qui nous avons reconnu des propriétés différentes, et dont nous avons dit que l’une n’était point comme l’autre, ont entre elles une certaine ressemblance, et l’une est en quelque façon comme l’autre. De cette manière, [331e] tu prouverais, si tu voulais, que