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ARGUMENT

plus directement à l’histoire et à la religion nationale, elle était bien plus puissante sur le peuple et plus périlleuse dans ses effets. Voilà pourquoi Platon, lorsqu’il attaque les poètes, a presque toujours en vue les poètes épiques, et en particulier Homère ; et voilà encore pourquoi, dans l’lon, il fait la guerre aux rapsodes[1], et à un rapsode qui semble avoir été dès lors ce que plus tard on appela un homéride, un homme dévoué à Homère, attaché à son culte et à l’étude de ses ouvrages, et les récitant partout, il est vrai, sans s’accompagner de la lyre et sans chanter, mais avec une certaine mélopée, peut-être un peu plus forte que la déclamation française et italienne, et avec des gestes moins prononcés que ceux des acteurs. Socrate, en causant avec un

  1. Les rapsodes récitaient surtout des poésies épiques, quoique Athénée rapporte qu’ils récitaient aussi des poésies lyriques.