Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/712

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Socrate.

Eh bien, as-tu concouru ? et quel a été ton succès ?

[530b] Ion.

Nous avons remporté le premier prix, Socrate.

Socrate.

J’en suis ravi. Courage, tâchons d’être vainqueur aussi aux Panathénées[1].

Ion.

Je l’espère bien, s’il plaît à Dieu.

Socrate.

Je vous ai souvent, mon cher, envié votre profession, à vous autres rapsodes. C’est en effet une chose digne d’envie, que ce soit une bienséance de votre état, d’être toujours richement vêtus, et de vous montrer dans les plus beaux ajustemens, et qu’en même temps votre devoir vous oblige de faire une étude continuelle d’une foule d’excellens poètes, et principalement d’Homère, le plus grand et le plus divin de tous ; [530c] et non-seulement d’en apprendre les vers, mais d’en bien pénétrer le sens : car on ne deviendra jamais rapsode, si l’on n’a une intelligence par-

  1. Une loi athénienne ordonnait que, tous les cinq ans, aux Panathénées, les poèmes d’Homère seraient récités, et récités seuls. (Voyez Lycurgue.)