Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/726

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tion des muses. Il me semble qu’il a été choisi comme un exemple éclatant, pour qu’il ne nous restât aucun doute si tous ces beaux poèmes sont humains et faits de main d’homme, mais que nous fussions assurés qu’ils sont divins et l’œuvre des dieux, que les poètes ne sont rien que leurs interprètes, et qu’un dieu les possède toujours, quel que soit celui qui les possède. C’est pour nous rendre cette vérité sensible que le dieu a chanté tout exprès la plus belle ode par la bouche du plus mauvais poète. [535a] Ne trouves-tu pas que j’ai raison ?

Ion.

Oui, par Jupiter : tes discours, Socrate, touchent les cordes les plus secrètes de mon âme ; et il me parait aussi que les poètes, par une faveur divine, sont auprès de nous les interprètes des dieux.

Socrate.

Et vous autres rapsodes, n’êtes-vous pas les interprètes des poètes ?

Ion.

Cela est encore vrai.

Socrate.

Vous êtes donc des interprètes d’interprètes ?

Ion.

Sans doute.