Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/730

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entre en danse, pour ainsi dire, les paroles s’échappent de tes lèvres ; [536c] car ce n’est point en vertu de l’art ni de la science que tu parles d’Homère, comme tu fais, mais par une inspiration et une possession divine ; et de même que les corybantes ne sentent bien aucun autre air que celui du dieu qui les possède, et trouvent abondamment les figures et les paroles convenables à cet air, sans faire aucune attention à tous les autres ; ainsi, lorsqu’on fait mention d’Homère, les paroles te viennent en abondance, tandis que tu restes muet sur les autres poètes. [536d] Tu me demandes la cause de cette facilité à parler quand il s’agit d’Homère, et de cette stérilité quand il s’agit des autres : c’est que le talent que tu as pour louer Homère n’est pas en toi l’effet de l’art, mais d’une inspiration divine.

Ion.

Cela est fort bien dit, Socrate ; cependant je serais surpris si tes raisons étaient assez puissantes pour me persuader que, quand je fais l’éloge d’Homère, je suis possédé et en délire ; je pense que tu ne le croirais pas toi-même si tu m’entendais parler sur Homère.

Socrate.

Hé bien, je veux t’entendre : mais aupara-