Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/773

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dulgence pour toi, et je ne te répondais avec douceur.

Socrate.

On ne saurait mieux parler. J’ai cru comprendre ta pensée, quand tu as dit qu’Homère a fait Achille le plus vaillant des Grecs,[364e] et Nestor le plus sage : mais lorsque tu as ajouté que le poète a fait Ulysse le plus rusé, je t’avoue, puisqu’il faut te dire la vérité, que je ne t’ai pas du tout compris. Peut-être concevrai-je mieux la chose de cette manière. Dis-moi, est-ce qu’Achille n’est point aussi représenté comme rusé dans Homère ?

Hippias.

Nullement, Socrate ; mais comme le caractère le plus sincère. En effet, lorsque le poète nous les met sous les yeux s’entretenant ensemble dans les Prières[1], Achille parle à Ulysse en ces termes :

Noble fils de Laërte, adroit Ulysse,

Il faut que je te dise sans détour

Ce que je pense et ce que je veux faire ;

Car je hais à l’égal des portes de l’enfer

Celui qui cache une chose dans son cœur et en dit une autre.

Je te dirai donc ce que je veux faire.

  1. C’était chez les anciens le titre du neuvième livre de l’Iliade. Voyez liv. IX, v. 308-311, avec les variantes que fournit cette citation.