Demain, après avoir fait un sacrifice à Jupiter et à tous les dieux,
Je chargerai mes vaisseaux, et les mettrai à la mer ;
Et tu verras, si tu le veux et si cela t’intéresse,
Ma flotte voguer de grand matin sur l’Hellespont,
[370c] Et mes gens ramer à l’envi.
Et si Neptune nous accorde une heureuse navigation,
J’aborderai au troisième jour à la fertile Phtie[1].
Long-temps auparavant, dans sa querelle avec Agamemnon, il lui avait dit :
Je pars dès ce moment pour Phtie : car il me vaut bien mieux
Retourner chez moi avec mes vaisseaux noirs ; et je ne pense pas
[370d] Qu’Achille étant ici sans honneur, tu accroisses ta puissance et tes richesses[2].
Après avoir parlé de la sorte, tantôt en présence de l’armée entière, tantôt vis-à-vis de ses amis, il ne paraît nulle part qu’il ait fait les apprêts de son voyage, ni qu’il ait mis ses vaisseaux en mer, pour retourner dans sa patrie ; on voit au contraire qu’il se met fort peu en peine de dire la vérité. Je t’ai donc interrogé au commencement, Hippias, parce que je doutais