Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/793

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ceux qui mentent volontairement sont meilleurs que ceux qui mentent malgré eux ?

Hippias.

Et comment, Socrate, ceux qui commettent une injustice, tendent des pièges, [372a] et font du mal de dessein prémédité, seraient-ils meilleurs que ceux à qui ces fautes échappent malgré eux, tandis que l’on juge tout-à-fait digne de pardon quiconque, sans le savoir, commet une action injuste, ment, ou fait quelque autre mal ; et que les lois sont beaucoup plus sévères contre les méchans et les menteurs volontaires, que contre les involontaires ?

Socrate.

Tu vois, Hippias, avec combien de vérité j’ai dit que [372b] je ne me lasse point d’interroger les habiles gens. C’est, je crois, la seule bonne qualité que j’aie, tout le reste étant d’ailleurs chez moi tort au-dessous du médiocre ; car je me trompe sur la nature des choses, et ne connais pas en quoi elle consiste. J’ai de cela une preuve bien convaincante, en ce que toutes les fois que je converse avec quelqu’un de vous autres, qui êtes si renommés pour la sagesse, et à qui tous les Grecs rendent ce témoignage, je montre que je ne sais rien : en effet, je ne suis presque en aucun point de même [372c] avis que vous ; et quelle