Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/794

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preuve plus décisive d’ignorance, que de ne pas penser comme les sages ? Mais j’ai une qualité admirable qui me sauve : c’est que je ne rougis point d’apprendre, et que je questionne et interroge sans cesse : je témoigne d’ailleurs toute sorte de reconnaissance à celui qui me répond, et n’ai jamais privé personne de ce que je lui devais en ce genre ; car il ne m’est jamais arrivé de nier que j’eusse appris ce que j’ai appris réellement, ni de donner pour une découverte de ma façon ce que je tenais d’autrui : au contraire, je fais l’éloge de celui qui m’a enseigné, comme d’un habile homme, et j’expose ce que j’ai appris de lui. Mais dans le cas présent, [372d] je ne t’accorde point ce que tu dis ; je suis même d’un sentiment entièrement opposé ; je sais bien que la faute est toute de mon côté, parce que je suis tel que je suis, pour ne rien dire de plus à mon désavantage. Il me semble en effet, tout au contraire de ce que tu avances, Hippias, que ceux qui nuisent à autrui, qui font des actions injustes, mentent, trompent, et pèchent involontairement, sont meilleurs que les autres qui font tout cela sans dessein. Il est vrai que quelquefois je passe à l’avis opposé, et que je n’ai rien de fixe sur ces objets, sans doute parce [372e] que je suis un ignorant. Actuellement je me trouve dans