Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/867

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le premier, cela est-il juste ? lui dis-je. — Très juste. — Et par quelle raison ? demandai-je. Évidemment, comme tu t'es donné à nous pour un homme merveilleux en l'art de parler, tu sais parfaitement aussi [287d] quand il faut répondre et quand il ne le faut pas. Ainsi tu ne me réponds point parce que tu ne trouves pas à propos de répondre maintenant. — C'est badiner, dit-il, et non pas répondre. Fais ce que je te dis, mon ami, et réponds, puisque tu conviens que je suis plus habile que toi. — Il faut donc obéir, c'est une nécessité à ce qu'il paraît ; tu es le maître. Interroge donc. — Veux-tu dire que ce qui veut dire quelque chose est animé[1], ou bien crois-tu que les choses inanimées veulent dire quelque chose ? — Celles-là seulement qui sont animées. — Eh bien, connais-tu des paroles animées ? — Par Jupiter, non ! — [287e] Pourquoi donc demandais-tu tout à l'heure ce que mes paroles voulaient dire ? — Il n'y a pas d'autre raison si ce n'est que je me suis trompé par ignorance. Peut-être aussi que je ne me suis pas trompé, et que j'ai eu raison d'attribuer de l'intelligence aux paroles. Que t'en semble, me suis-je trompé, ou non ? car si je ne me suis pas trompé, tu as beau

  1. Plaisanterie fondée sur le double sens de νοεῖν.