Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/878

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et à quoi nous profite-t-elle ? Il ne faut pas qu'elle ne sache faire que des choses qui ne sont ni bonnes ni mauvaises ; elle ne doit nous apprendre d'autre science qu'elle-même ; disons donc quelle elle est, et à quoi elle est bonne. Dirons-nous, Criton, que c'est une science avec laquelle nous pouvons rendre les autres bons ?

CRITON.

Je le veux bien.

SOCRATE.

Mais à quoi seront-ils bons, et à quoi utiles ? Dirons-nous encore qu'ils en formeront d'autres semblables à eux, et ceux-là d'autres encore ? [292e] Mais nous ne verrons jamais en quoi ils sont bons, puisque nous ne comptons pas tout ce qu'on regarde comme l'ouvrage de la politique. Il nous arrive donc, comme on dit, de rabâcher toujours la même chose, et, comme je disais tout à l'heure, nous sommes encore aussi éloignés, et même plus que jamais, de trouver cette science qui rend les hommes heureux.

CRITON.

Par Jupiter ! Socrate, vous étiez là dans un grand embarras.

SOCRATE.

Aussi, Criton, nous voyant tombés dans [293a] cet embarras, j'invoquai les étrangers comme les