Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, III et IV.djvu/928

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tique, et se renferme dans le cercle des évènemens dont Socrate a été témoin. Mais quelquefois aussi il oublie que ce n'est pas lui, mais Socrate qui doit parler ; il parle pour son propre compte, et fait allusion à des choses que Socrate n'a pu voir. D'abord cela était inévitable ; quand une fiction dure long-temps, il est impossible qu'on n'y manque pas quelquefois. Ensuite il est bon qu'il en ait été ainsi ; car une fidélité trop scrupuleuse à son cadre dramatique eût ôté à Platon tout contact avec son temps, et par conséquent toute influence sur ce temps. Enfin, quant à l'art, nous n'hésitons pas à ajouter qu'une exactitude trop minutieuse eût été moins un mérite qu'un défaut, une servilité contraire à la liberté de l'art, qui, en idéalisant tout, élève jusqu'à lui et transforme, non-seulement les caractères, mais les temps, et dédaigne une fidélité pédantesque et insignifiante à la chronologie. L'art a une fidélité et des engagements un peu plus élevés et d'un bien autre caractère. — Puisque le Ménexène embrasse la paix d'Antalcide, il en est au moins contemporain. Il aurait donc été écrit quatorze ans après la mort de Socrate, et vers la quarante-quatrième année de la vie de Platon.

Au moment où je termine ces notes sur le Ménexène je rencontre l'ouvrage de M. Dahlmann, intitulé : Forschungen auf dem Gebiete der Geschichte, dans