Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/101

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De là la nécessité d’un marché et d’une monnaie, signe de la valeur des objets échangés.

Sans doute.

[371c] Mais si le laboureur, ou quelque autre artisan, ayant porté au marché ce qu’il a à vendre, n’a pas pris justement le temps où les autres ont besoin de sa marchandise, restera-t-il oisif au marché, laissant son travail interrompu ?

Point du tout. Il y a des gens qui ont vu l’inconvénient qui en résulterait, et qui ont offert leurs services pour le prévenir. Dans les États sagement réglés, ce sont ordinairement des personnes d’un corps débile, et incapables de faire aucun autre ouvrage. Leur profession est de rester [371d] au marché, d’acheter aux uns ce qu’ils ont à vendre et de revendre aux autres ce qu’ils ont besoin d’acheter.

En conséquence notre État ne peut se passer de marchands. N’est-ce pas le nom que l’on donne à ceux qui se tiennent sur la place publique pour acheter et revendre, réservant le nom de commerçans pour ceux qui voyagent d’un État à l’autre ?

Oui.

[371e] Il y a encore, ce me semble, d’autres gens à employer, gens peu dignes par leur esprit de faire partie d’un État, mais dont le corps robuste est à l’épreuve de la fatigue. Ils trafiquent des forces