Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, IX et X.djvu/134

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Nous disons aussi que le sage se suffit à lui-même et qu’il a sur tous les autres hommes l’avantage de n’avoir besoin de personne pour être heureux.

Cela est vrai.

Ce n’est pas pour lui un malheur intolérable de perdre un fils, un frère, des richesses ou d’éprouver d’autres pertes semblables.

Non.

Lorsqu’un pareil accident lui arrive, au lieu de s’en lamenter, il le supporte avec patience.

Sans doute.

Ainsi nous aurons raison d’ôter aux hommes illustres les pleurs et les gémissemens, et de les laisser aux femmes, encore aux femmes ordinaires, et aux hommes lâches, afin que ceux que nous destinons à la garde de l’État rougissent de pareilles faiblesses.

Fort bien.

Nous prierons de nouveau Homère et les autres poètes de ne point montrer dans leurs fictions Achille, le fils d’une déesse,

Et errant, en proie à la douleur, sur le rivage de la mer immense[00] ;
… Tantôt couché sur le flanc, tantôt
Sur le dos ou la face contre terre ; puis tout-à-coup se levant
Et errant, en proie à la douleur, sur le rivage de la mer immense[1] ;


  1. Iliade, XXIV, 10 et suiv. Le troisième vers est différent dans les éditions d’Homère. Voyez la note.